jeudi 3 décembre 2009

Chapitre X : Trujillo del Peru

Avant de voyager au Pérou mon ami panaméen Edgardo de Leon Madariaga, le plus célèbre styliste actuel de l’habit national (la pollera) me demanda de lui ramener un livre appelé : « Trujillo del Peru ».
Edgardo m'explique que c’est un traité sur les costumes péruviens du 18° siècle, il en a entendu parler à New-York, mais il ne connaît pas l’auteur, ni l’éditeur !
Trujillo sur la côte du Pacifique est la capitale du département de la Liberté (Libertad) d’où est parti le mouvement d’indépendance de l’Espagne. Une très belle ville avec beaucoup d’histoire. Après Santiago de Chuco, ma deuxième raison d’aller dans ce département au caractère si affirmé est la recherche de ce livre.
Bien sûr, la prospection a commencé à Lima dans une grande librairie du côté de l’église Santo Domingo. J’apprends que c’est l’œuvre d’un évêque espagnol : Jaime Martínez Compañón. Son ouvrage a été publié par la banque Continental et offert à sa belle clientèle. Il est introuvable.
Quand le 1° septembre nous visitons Trujillo, j’ai en tête d’aller à la recherche de notre évêque. Je le rencontre sans aucune difficulté, son portrait est au siège de la banque Continental dans la maison de l’Emancipation où s’est réuni le premier congrès de la Constituante du pays. Ses salons sont ouverts au public pour des expositions artistiques et des conférences. Dans l’une des salles de nombreuses reproductions des dessins de Jaime Martínez Compañón sont exposés avec les livres de César Vallejo !
Nous rencontrons Monsieur Christian Oliva attaché au musée, il nous montre un des précieux livres que conserve la banque. Il y a neuf tomes !
Cet ecclésiastique a peint les gens, mais aussi les plantes, les animaux, et il a écrit la musique de toutes les ritournelles de l’époque, car il était aussi musicien. Il aima énormément le Pérou et le quitta avec beaucoup d’amertume quand le roi d’Espagne Carlos IV l’envoya à Bogota. Il décédera six ans plus tard, sa santé ne supporta pas le climat d’altitude.
Nous quittons le musée avec quelques photos des reproductions murales. Photocopier l’un de ces livres est onéreux, et lequel parmi les neuf tomes.
Après un détour par Chiclayo, Piura, Catacaos qui mérite un chapitre nous revenons à Trujillo et nous montons à Santiago de Chuco. (Lire le chapitre IV)
Surprise l’un de nos anthropologues avec qui nous nous sommes liés, nous montre des reproductions de Martínez Compañón où l’on voit la danse des condors. Il les utilise dans ses recherches.


Que se passe-t-il avec Martínez Compañón ?
Auparavant à Lima jamais personne ne nous avait parlé de lui. Il se trouve qu’il a fait un travail d’historien excellent et unique sur la culture andine du département de Trujillo.
Notre ami anthropologue a une question pour nous :
Qu’est-ce que nous savons de la danse française des sabres que Martinez a peint sous le nom des "Danzas de los doce pares de Francia "?



A mon retour, je trouve toute l’œuvre de Martínez Compañón sur internet. Les neuf originaux sont à Madrid : Manuscritos de América en las Colecciones Reales.
Volume II de Trujillo del Peru en las Colecciones Reales

Diaporama des photos de Trujillo


Il me reste à demander aux danseurs provençaux de Vitrolles s’ils connaissent la danse française des sabres. Monsieur Ben m'invite à chercher le traité d'orchésographie (1588) du chanoine Thoinot Arbeau qui sous forme de dialogue enseigne l’exercice des danses les plus pratiquées au XVIe siècle. La danse des sabres est là, mais je n’apprends rien d’original. Mais dans le Briançonnais  il existe à Pont-de-Cervières une danse étrange et traditionnelle d’épées : le Bacchu-ber.

mercredi 25 novembre 2009

Chapitre IX : Sarita Colonia la patronne des pauvres.

Au Pérou, comme partout dans le monde, l’Eglise catholique déçoit, et si les Péruviens ne s’expriment pas à ce sujet, ni même ne murmurent, ils réagissent à leur manière et ils affichent une foi excessive pour des images de saints qui ne sont pas dans le panthéon des grands saints reconnus de l’Eglise. Il s’agit du père Urraca enterré à l’église de La Merced et de sa sainte croix couverte d’ex-voto d’argent que les dévots touchent les bras tendus comme autant de racines pour la croix (voir mon premier chapitre), de la Melchorita de Chincha, et surtout de Sarita Colonia de El Callao.
Sarita est de loin la plus extraordinaire. Elle est l'élue des chauffeurs de bus et de camions, des dockers, des prostituées, des homosexuels et des délinquants. Ces derniers font tant preuve de ferveur en Sarita que la prison de El Callao s’appelle officiellement : « Sarita Colonia ». Elle est la sainte non canonisée la plus fameuse d’Amérique Latine.


Elle est née le 1° mars 1914 dans la province de Ancash, à Huaraz dans le quartier pauvre de Belén. C'est la fille ainée d’une famille de trois enfants. En 1924, sa maman tombe malade et la famille émigre à Lima pour mieux la soigner. En 1928 ils retournent à Huaraz et leur mère décède dans les mois qui suivent. Le père revient à Lima avec ses trois enfants. Sarita a la charge de ses sœurs et gagne sa vie en gardant les enfants d’une boulangère. Sa vie est exemplaire. Le 22 décembre 1940 elle décède à l’âge de 26 ans à cause d’un paludisme pernicieux selon l’acte de décès, mais ses proches sont tant obsédés par l’image de la pureté de Sarita qu’ils préfèrent parler d’une surdose d’huile de ricin qui est un laxatif puissant et dangereux. Elle est enterrée dans la fosse commune de El Callao sans funérailles, ni cérémonie. En 1941 son père pose une croix sur son petit mausolée avec sa photo et son nom. Peu à peu les gens viennent se recueillir auprès de sa croix. Les premiers à lui vouer un culte seront les dockers du port de El Callao, ils lui élèveront une maison sanctuaire dans le cimetière des déshérités appelé « La Pampa Santa » pour l'immensité de sa fosse commune et l’accumulation de tant de souffrances et de corps oubliés.
La première fois que j’ai entendu parler de Sarita, c’est en 1979 quand le groupe Paréntesis exposa à Barranco dans sa démarche de "Arte al Paso" des sérigraphies sur Sarita dont certaines illustraient le viol qu'elle aurait subi, selon un mythe qui circule à ce sujet. En 1980 ce groupe d'artistes réalisa une immense image de Sarita de 60 m2 sur le flanc d’une colline désertique à environ 30 km de Lima, visible de l’autoroute en direction de Pucusana et à proximité du site archéologique de Pachacamac. Chaque picsel de couleur est le fond peint d’une boite usagée de lait concentré Gloria.


Installation faite par Francisco Mariotti avec ses deux filles et leur maman Maria Luy



Cette photo provient du livre E.P.S Huayco-Documentos édité par le critique d’art Gustavo Buntinx.


Ce que j'ai retenu du mythe du viol de Sarita est l'histoire suivante :
« Trois garçons poursuivent la jeune Sarita sur la plage déserte de El Callao. Au lieu de remonter vers les terres, elle s’engage dans la mer. Les garçons la voient courir sur l’eau, elle s’éloigne très loin sans s’enfoncer, puis subitement elle disparait. Ils rentrent chez eux et le lendemain quand ils se retrouvent, ils découvrent qu’ils ont fait tous les trois le même rêve avec la même recommandation. Sarita leur demande d’aller rendre visite à ses parents et de tout leur avouer. Elle leur promet le pardon de sa famille et de tous ceux à qui ils devront raconter le drame. Toutes ces personnes seront récompensées par des bienfaits et des miracles. Les trois garçons avouent leur crime. Les promesses de Sarita se réalisent. Depuis elle ne cesse de faire des miracles pour ceux qui croient en elle. »
Des années plus tard, un Péruvien me raconte une autre histoire :
« Les trois garçons ont immobilisé Sarita sur la plage, ils s’apprêtent à la violer, mais Dieu dans son infini miséricorde ferme le corps de Sarita, gomme son sexe, et entre ses jambes, les garçons voient un coude. » Est-ce qu'ils ont cru voir le sexe fermé d'une statue grecque ?
Aujourd’hui cette histoire est sur internet racontée par Gustavo Buntinx  :
http://www.fas.harvard.edu/~icop/gustavobuntix.html
Ce coude est une sorte de bras d’honneur de Dieu !
C’est un mythe qui joue certainement le rôle de frein aux pulsions des délinquants violeurs !

Pourquoi Sarita m’intéresse-t-elle autant ?
En 1993 un ami péruvien de Marseille, Juan Carlos Belon me demande si j’ai dans ma collection d’icônes quelque chose qui concerne le blasphème ! Je pense tout de suite à deux sérigraphies du groupe Paréntesis où Sarita est associée au sexe. J’invite Juan Carlos à venir me rendre visite la semaine suivante, mon épouse et ma fille ont voyagé, je décroche les peintures et j’installe mes sérigraphies et diverses images de saints sur les murs comme pour raconter une histoire. J’invite Lionel, un ami cinéaste, à venir filmer notre rencontre.
Juan Carlos arrive avant Lionel, il regarde l’image de Sarita où apparaît sa date de naissance. Il me demande : Quel jour sommes-nous ?
Nous sommes le 1° mars !
Sans nous concerter, nous nous sommes réunis le jour de l’anniversaire de Sarita !?
Lionel filme notre conversation, son bébé sur les genoux de sa maman, les images au mur, le verre de rhum que nous buvons pour Sarita et le disque d’une valse créole qui tourne sur la platine. Pas plus de 20 minutes de rush qui compteront beaucoup pour Lionel, car trois mois plus tard il réalisera avec ce matériel un film de 10 minutes sur Sarita Colonia qu’il présentera à sa licence de cinéma à Aix-en-Provence.
Il me reste à résoudre la numérisation de ce petit film pour vous le montrer sur ce blog.
Je n’en reste pas là avec l’anniversaire de Sarita. Le 1° mars est devenu aussi la date de la fondation de mon association Arcaillou de nains casseurs de cailloux, que j’ai crée en 1995 et qui me tient très à cœur. La Sous-préfecture d’Istres a inscrit Arcaillou au journal officiel le 1° mars 1995. Sarita devient notre sainte patronne. Sarita patronne des pauvres et aussi celle des nains. Nous pourrions nous appeler : Sarita-Arcaillou.
Mais pourquoi une association de nains ?
En 1994 je découvre à Panama Santa Librada et ses huit petites sœurs jumelles qui sont neuf petites muses qui musardent et s’amusent dans un magnifique jardin tropical où le soleil alterne avec la pluie. Pour s'échapper et aller danser avec les diables de la ville voisine, elles se mettent sur la tête des chapeaux pointus de nains de jardin. Ce serait merveilleux pour nos nains de jardins européens de les rencontrer, ils souffrent tant de l’absence d'une présence féminine à leur portée.
En 1995 je convaincs mes amis vitrollais, membres d'Arcaillou, que nous ne sommes en esprit guère plus grands que des nains de mines casseurs de cailloux, car nous sommes incapables de nous sortir de ce monde industriel qui nous entraine vers une catastrophe climatique.
Immigrés à Vitrolles, nous voulons être nains de jardins exotiques et ne plus aller à l'usine. Nos machines partent en Chine, pourquoi ne pas en profiter pour entrer dans le Temps des Jardins avec toute cette belle technologie capable du meilleur.

Visite du cimetière de El Callao
Mardi 22 septembre 2009 Monsieur Johnny, chauffeur de taxi auprès de notre hôtel me propose de m’emmener. Johnny est retraité de la police d’investigation, il est du Callao et il aime énormément son quartier. Sa conversation est très intéressante, il connait vraiment le Pérou et ses histoires. Nous passons toute la matinée ensemble à visiter El Callao que je trouve propre et métamorphosé. Je découvre le quartier des pécheurs italiens aux maisons en bois fraichement repeintes ! Tout le monde connait Johnny. Là où il s’arrête, il donne de l’argent, il a un grand cœur. Nous terminons par le sanctuaire de Sarita dans le cimetière où reposent tant d’autres personnes qui n’ont qu’un petit caisson en ciment de la taille de leur cercueil !
Les deux sœurs de Sarita et sa famille nous attendent, elles vivent de la vente des images et des bougies. Je suis très aimablement reçu, la sœur la moins âgée répond à toutes mes questions, mais je n’apprends rien de particulier. Je demande à Sarita d’exaucer le grand Miracle dont je vous ai parlé dans le chapitre I : voir l’humanité entrer dans le Temps des Jardins, non tant pour tempérer le climat, mais pour nourrir les deux milliard d'êtres humains qui ne mangent pas à leur faim et vivent dans des conditions inadmissibles.

Prochainement je complèterai mon diaporama avec des photos de 1977-79 que je dois numériser.

Chapitre VIII : Retour trente ans en arrière à Barranco où nous avons habité, en face de la maison de l’artiste Victor Delfin.


Barranco a l'art du décor, en 30 ans ils ont enjolivé le quartier, mais peut-être que les choses n'ont pas fondamentalement changé.
Je suis persuadé que l'on vide encore sa poubelle à même le sol en face de chez soi. Qu'ensuite de pauvres gens passent avec des charrettes ramasser ce qu'ils pourront revendre. Les chiens passent aussi par là, et finalement le camion de la municipalité entre à reculons dans la rue Domeyer. Avec pelles et balais les employés municipaux emmènent ce qui reste et nettoient la rue.
Pourquoi pas, cela a toujours été ainsi et c'est l'application d'un tri sélectif.
Notre poubelle n'était pas aussi abondante qu'à Vitrolles.
Nous avons pourtant découvert un grand changement, notre marché couvert si original était devenu un hypermarché appelé : Metro. Alors des emballages il doit y en avoir un peu plus, de la publicité aussi !
Mais nous ne sommes pas revenus pour critiquer. Ici nous fûmes heureux, nous étions de jeunes mariés qui aimaient la vie nocturne et la fête. Jamais personne ne s'est jamais plaint de notre pollution sonore.
Comme dans tout Lima, nos réunions commençaient à minuit et nos amis ne se retiraient pas avant 7 h du matin. Nous avions dansé toute la nuit et mangé à deux heures du matin un "un arroz con seco de cabrito".
Nous sommes aussi fiers d'avoir résidé ici, à côté du célèbre pont des Soupirs et des peñas où Chavuca Granda a chanté ses meilleures valses, ses tonderos, coplas et landos afro-péruviens.
Nous habitions aussi en face de la maison de Victor Delfin. De notre fenêtre nous vîmes naître ses chevaux, ses oiseaux et ses lions d'acier. Comme Picasso, il crée tout le temps, c'est sa vie. Il nous l'a redit, il ne peut pas s'arrêter. Il fut aussi plus prolifique, il a eu neuf enfants.


 
 
Victor Delfin à Quito en 1978

Son projet d'attaquer la falaise et de l'habiter, il en parlait déjà en 1976. Il a tout réalisé. Jamais je n'aurais imaginé possible de faire une piscine à cet endroit là où je ne voyais que le vide.
Il y a la possibilité de faire un séjour chez lui, voici l'un des liens.
http://agence.voyages-sncf.com/pub/agent.dll/qscr=dspv/nojs=1/htid=1291363/crti=4/photo-hotel?TAHotelCode=1291363


vendredi 30 octobre 2009

Chapitre VII : la procession dans l'après-midi du Christ de Sainte Catalina.

Il est 16 h, la procession passe par les hauts quartiers. Ces quartiers ont une mauvaise réputation, mais je me sens en confiance. Hilario est présent, il a la responsabilité de chronométrer le temps de charge. Ils sont 15 groupes et chaque groupe a 38 personnes. Tous portent un costume et une cravate sous leurs habits violets !

Chapitre VI : la procession du Christ du sanctuaire de Sainte Catalina.

Grâce à Hilario je suis présent tôt le dimanche matin pour voir l’intérieur de léglise du sanctuaire et la sortie du Nazaréen en procession. La culture espagnole est traumatisée par la mort et le sang du Christ. Sa dévotion pour son dernier soupir s’exprime en chargeant son brancard, mot qui me paraît contestable ou arche, car il y a aux quatre angles quatre chérubins. Il faut beaucoup de foi pour porter l’arche en argent du Christ des Miracles qui pèserait 2 tonnes. C’est pour réaliser une pénitence, mais aussi pour faire une demande que l’on met ainsi sa santé en péril.
Cette tradition vient d'Espagne. D’où détient-elle cette coutume ?
D’Israël ou d'Egypte ?



Chapitre V : Notre dame de la Solitude.

Le lendemain matin de notre retour à Lima, mercredi 16, nous visitons enfin les catacombes du couvent franciscain en face de notre hôtel. A côté du cloître la chapelle consacrée à Notre Dame de la Solitude est ouverte. Nous découvrons qu’elle a subi un incendie en 2005. L’intérieur est en mauvais état. La vierge de la Solitude m’est inconnue.www.santuariodelasoledad.org/PrincipalFrameset.html
Le soir une musique de marche religieuse éveille notre attention. Je sors en courant avec mon appareil de photo. Notre Dame de la Solitude est au cœur d’une procession, certes bien réduite en comparaison de la procession du Christ des Miracles, mais avec beaucoup de dignité. Je confonds les frères de la confrérie de la vierge avec de vrais religieux et je découvre que Notre dame de la Solitude a le cœur percée par une épée. J’apprends alors qu’elle s’appelle aussi : Maria Dolorosa del Monte Calvario !
La Dolorosa ! Je la connais très bien. C’est la compagne de saint Jacques Le Majeur dans le vaudou haïtien !
Après avoir vu Santiago dans la montagne notre destin était de rencontrer sa compagne péruvienne le jour de sa fête.
Alors Je me souviens que dans l'église de La Merced du Girón de l'Union, j’ai vu il y a deux semaines l'image de la Dolorosa qui circule en Haïti. C’est bien la première fois que je la voie en dehors d’Haïti, et je n’ai jamais su d’où elle venait. Il me faudra chercher. Elle a été sûrement choisie par les Haïtiens pour ses couleurs bleues et rouges qui correspondent à l'idiosyncrasie française d’Haïti. En plus de l'épée on peut voir qu’elle a à côté d’elle deux épaulettes de militaire qui me rappellent une histoire du Nigeria (un pataqui cubain).
" Au court d’une beuverie, le soudard Ogoun ivre d’alcool confond ses amis avec ses ennemis et tuent tout le monde, quand il reprend ses esprits, tout à la fois de désespoir et de colère, il arrache ses épaulettes et il fuit seul dans la montagne avec ses chiens." C’est peut-être pourquoi Santiago est perdu dans la montagne péruvienne du département de la Liberté sans son cheval blanc !
Pour en savoir plus sur Hogou et saint Jacques consulté ma page web de 1999 où je publie mon premier essai écrit en 1987 : Magie Bleue
http://jackdumont.chez.com/bleu/magie.htm
Cette nuit, un jeune homme, Hilario de la Croix, m'offre une icône du Christ du sanctuaire de sainte Catalina en me disant que cette image du Nazaréen est l’une des plus belles de Lima. Il m'invite à me rendre à sa neuvaine dans l'église du couvent et de venir dimanche à sa procession, car il n'est visible qu’une fois par an. Tout le reste de l'année il est reclus dans le couvent avec les religieuses. Hilario a une page web qui mérite d’être visitée. www.procesionesdelperu.com

Chapitre IV : Santiago de Chuco.

Dans la nuit du 31 août avec nos amis d’Aix-en-Provence nous voyageons en bus vers le nord où nous visitons Trujillo et un ami péruvien que nous avons en commun, Coco d’Aix-en-Provence, revenu depuis un an dans sa ville natale de Chiclayo auprès de sa mère. Avec lui nous allons à Piura et à Catacaos réputé pour ses orfèvres de la bijouterie au fil d’or, entre autres, des célèbres boucles d’oreilles appelées : « dormilonas ».
Nos amis s’en retournent à Lima, Coco termine de nous montrer son pays avec l’artisanat de Monsefu et la plage de Pimentel, puis nous le quittons pour voyager à Santiago de Chuco dans la sierra du département de La Libertad bien qu’aucun guide touristique ne mentionne cette ville. Ce détail ne tranquillise guère ma compagne qui devine bien qu’il y a une bonne raison à cela, mais elle ne peut pas me refuser cette visite dont je rêve depuis si longtemps.
Il y a des années en arrière à Aix-en-Provence, Humberto de Piura, 70 ans, nous a raconté une blague sur Santiago de Chuco qui ne manquait ni d’humour, ni de sens : « Tous les enfants santiaguinos nés neuf mois après les festivités du saint, s’appellent Santiago ».
Je souhaite vérifier cela, quand on sait que le nom Santiago était interdit aux indiens par crainte qu'ils héritent de sa bravoure.
Je veux savoir si le tempérament des « Santiaguinos » correspond à leur saint guerrier, comme celui de leur célèbre poète César Vallejo exilé à Paris et comme notre ami Oscar, réfugié politique santiaguino en France, bien connu et aimé à Aix-en-Provence et grand admirateur de Fidel Castro et du Che.
Oscar pour nous parler de sa terre natale est meilleur que le Routard ou Planet’Pass. Avant notre envol de Marseille il est venu à la maison nous encourager très fort en nous récitant les plus beaux vers de César qu’il connaît par cœur.
Quant à « Santiago El Mayor » saint Jacques Le Majeur, le glorieux apôtre et matamores, la première fois que je l’ai rencontré ce fut en Haïti en 1980 où il est « Hogou Ferraille » dans le vaudou, l'Ogoun de la santería cubaine.


De La neuvaine de novembre, des morts et des saints

Qu’est-ce que je ne ferais pas pour le revoir ?
Je suis capable de lui sacrifier mon confort !
Après avoir vaincu pendant 6 heures notre peur des précipices, nous arrivons à 3500 m d’altitude sur la Place d’Armes de la glorieuse et pathétique ville du saint. Sa statue toute dorée nous accueille. Elle est gardée dans un innocent parc pour enfant en face de la mairie. Elle paraît danser devant le portrait de César, l’épée à la main et chaussé de chaussures de trekking.
Dans la rue montante sur notre gauche nous nous rendons sans perdre de temps à l'hôtel Püchipacha de la famille d'Oscar. Après avoir pris possession d’une chambre, nous sortons, deux jeunes gens nous abordent, ils nous invitent à les accompagner au centre culturel. Ce sont deux anthropologues ! Ils nous renseignent sur leurs activités et leurs préoccupations. Apparaît Juan Ulloa Benítez professeur de danse et le professeur flutiste de l'école Santiago Díaz Ruiz. Ils nous font une démonstration de la danse de la statue de la place : « los Pallos ». En Espagne c'est le nom que l'on donne aux étrangers, également les gitans de Marseille nous appellent los Pallos. Le saint danse avec un vêtement rouge, avec le chapeau du département de la Libertad en fine tôle métallique, le bord frontal relevé comme celui de Napoléon, muni de la croix épée de l'ordre de saint Jacques et chaussé de lourdes chaussures de marche très significatives du pèlerin santiaguero qui arrive de France, et du touriste sportif qui attaque la cordelière et le chemin des Incas.
Nous partons ensemble voir dans une école des fresques peintes par un santiaguino qui s’appelle Washington !
Sur les peintures je découvre un troisième grand révolutionnaire santiaguino né en 1926 : Luis Felipe de la Puente Uceda. Il a fondé le parti de l’APRA Rebelle et le MIR (Mouvement de Gauche Révolutionnaire).
Le jour suivant nos nouveaux amis nous présentent le directeur de l'Amélioration de l'Offre Touristique de la Municipalité, Benito Jauregui Rosas.
Tout un programme, mais qui a dit que l'offre était déficiente ?
Les agences étrangères de tourisme ?
Elles n'ont rien compris à la générosité de la gauche péruvienne. Bien accompagné avec de riches commentaires nous visitons la maison où est né César Vallejo. En plus des objets de sa famille et de son enfance nous découvrons des souvenirs de sa vie en France que son épouse Georgette a offerts à la ville.
http://www.los-poetas.com/b/biovalle.htm
Je n’hésite pas à vous donner les noms de tous, sachant que si vous vous rendez à Santiago de Chuco, ils vous recevront à bras ouverts, mieux qu'aucune agence ne peut le faire.
Sur leurs conseils, nous partons en bus dans l'après-midi passer la nuit dans la station thermale de Cachicadán où la municipalité nous attend pour nous conduire au plus bel hôtel, car il n’y a en ce moment aucun touriste.
http://fotos.delalibertad.com/key/cachicadan
Cachicadán mérite d’être découverte, un jour ce sera une station réputée pour les soins de la peau. Je voulais rester un jour de plus. Mais mon épouse, fatiguée de la montagne, me demande de retourner à Lima.
Ce sera une très bonne idée. Je serai récompensé de l'avoir écoutée !