jeudi 3 décembre 2009

Chapitre X : Trujillo del Peru

Avant de voyager au Pérou mon ami panaméen Edgardo de Leon Madariaga, le plus célèbre styliste actuel de l’habit national (la pollera) me demanda de lui ramener un livre appelé : « Trujillo del Peru ».
Edgardo m'explique que c’est un traité sur les costumes péruviens du 18° siècle, il en a entendu parler à New-York, mais il ne connaît pas l’auteur, ni l’éditeur !
Trujillo sur la côte du Pacifique est la capitale du département de la Liberté (Libertad) d’où est parti le mouvement d’indépendance de l’Espagne. Une très belle ville avec beaucoup d’histoire. Après Santiago de Chuco, ma deuxième raison d’aller dans ce département au caractère si affirmé est la recherche de ce livre.
Bien sûr, la prospection a commencé à Lima dans une grande librairie du côté de l’église Santo Domingo. J’apprends que c’est l’œuvre d’un évêque espagnol : Jaime Martínez Compañón. Son ouvrage a été publié par la banque Continental et offert à sa belle clientèle. Il est introuvable.
Quand le 1° septembre nous visitons Trujillo, j’ai en tête d’aller à la recherche de notre évêque. Je le rencontre sans aucune difficulté, son portrait est au siège de la banque Continental dans la maison de l’Emancipation où s’est réuni le premier congrès de la Constituante du pays. Ses salons sont ouverts au public pour des expositions artistiques et des conférences. Dans l’une des salles de nombreuses reproductions des dessins de Jaime Martínez Compañón sont exposés avec les livres de César Vallejo !
Nous rencontrons Monsieur Christian Oliva attaché au musée, il nous montre un des précieux livres que conserve la banque. Il y a neuf tomes !
Cet ecclésiastique a peint les gens, mais aussi les plantes, les animaux, et il a écrit la musique de toutes les ritournelles de l’époque, car il était aussi musicien. Il aima énormément le Pérou et le quitta avec beaucoup d’amertume quand le roi d’Espagne Carlos IV l’envoya à Bogota. Il décédera six ans plus tard, sa santé ne supporta pas le climat d’altitude.
Nous quittons le musée avec quelques photos des reproductions murales. Photocopier l’un de ces livres est onéreux, et lequel parmi les neuf tomes.
Après un détour par Chiclayo, Piura, Catacaos qui mérite un chapitre nous revenons à Trujillo et nous montons à Santiago de Chuco. (Lire le chapitre IV)
Surprise l’un de nos anthropologues avec qui nous nous sommes liés, nous montre des reproductions de Martínez Compañón où l’on voit la danse des condors. Il les utilise dans ses recherches.


Que se passe-t-il avec Martínez Compañón ?
Auparavant à Lima jamais personne ne nous avait parlé de lui. Il se trouve qu’il a fait un travail d’historien excellent et unique sur la culture andine du département de Trujillo.
Notre ami anthropologue a une question pour nous :
Qu’est-ce que nous savons de la danse française des sabres que Martinez a peint sous le nom des "Danzas de los doce pares de Francia "?



A mon retour, je trouve toute l’œuvre de Martínez Compañón sur internet. Les neuf originaux sont à Madrid : Manuscritos de América en las Colecciones Reales.
Volume II de Trujillo del Peru en las Colecciones Reales

Diaporama des photos de Trujillo


Il me reste à demander aux danseurs provençaux de Vitrolles s’ils connaissent la danse française des sabres. Monsieur Ben m'invite à chercher le traité d'orchésographie (1588) du chanoine Thoinot Arbeau qui sous forme de dialogue enseigne l’exercice des danses les plus pratiquées au XVIe siècle. La danse des sabres est là, mais je n’apprends rien d’original. Mais dans le Briançonnais  il existe à Pont-de-Cervières une danse étrange et traditionnelle d’épées : le Bacchu-ber.

mercredi 25 novembre 2009

Chapitre IX : Sarita Colonia la patronne des pauvres.

Au Pérou, comme partout dans le monde, l’Eglise catholique déçoit, et si les Péruviens ne s’expriment pas à ce sujet, ni même ne murmurent, ils réagissent à leur manière et ils affichent une foi excessive pour des images de saints qui ne sont pas dans le panthéon des grands saints reconnus de l’Eglise. Il s’agit du père Urraca enterré à l’église de La Merced et de sa sainte croix couverte d’ex-voto d’argent que les dévots touchent les bras tendus comme autant de racines pour la croix (voir mon premier chapitre), de la Melchorita de Chincha, et surtout de Sarita Colonia de El Callao.
Sarita est de loin la plus extraordinaire. Elle est l'élue des chauffeurs de bus et de camions, des dockers, des prostituées, des homosexuels et des délinquants. Ces derniers font tant preuve de ferveur en Sarita que la prison de El Callao s’appelle officiellement : « Sarita Colonia ». Elle est la sainte non canonisée la plus fameuse d’Amérique Latine.


Elle est née le 1° mars 1914 dans la province de Ancash, à Huaraz dans le quartier pauvre de Belén. C'est la fille ainée d’une famille de trois enfants. En 1924, sa maman tombe malade et la famille émigre à Lima pour mieux la soigner. En 1928 ils retournent à Huaraz et leur mère décède dans les mois qui suivent. Le père revient à Lima avec ses trois enfants. Sarita a la charge de ses sœurs et gagne sa vie en gardant les enfants d’une boulangère. Sa vie est exemplaire. Le 22 décembre 1940 elle décède à l’âge de 26 ans à cause d’un paludisme pernicieux selon l’acte de décès, mais ses proches sont tant obsédés par l’image de la pureté de Sarita qu’ils préfèrent parler d’une surdose d’huile de ricin qui est un laxatif puissant et dangereux. Elle est enterrée dans la fosse commune de El Callao sans funérailles, ni cérémonie. En 1941 son père pose une croix sur son petit mausolée avec sa photo et son nom. Peu à peu les gens viennent se recueillir auprès de sa croix. Les premiers à lui vouer un culte seront les dockers du port de El Callao, ils lui élèveront une maison sanctuaire dans le cimetière des déshérités appelé « La Pampa Santa » pour l'immensité de sa fosse commune et l’accumulation de tant de souffrances et de corps oubliés.
La première fois que j’ai entendu parler de Sarita, c’est en 1979 quand le groupe Paréntesis exposa à Barranco dans sa démarche de "Arte al Paso" des sérigraphies sur Sarita dont certaines illustraient le viol qu'elle aurait subi, selon un mythe qui circule à ce sujet. En 1980 ce groupe d'artistes réalisa une immense image de Sarita de 60 m2 sur le flanc d’une colline désertique à environ 30 km de Lima, visible de l’autoroute en direction de Pucusana et à proximité du site archéologique de Pachacamac. Chaque picsel de couleur est le fond peint d’une boite usagée de lait concentré Gloria.


Installation faite par Francisco Mariotti avec ses deux filles et leur maman Maria Luy



Cette photo provient du livre E.P.S Huayco-Documentos édité par le critique d’art Gustavo Buntinx.


Ce que j'ai retenu du mythe du viol de Sarita est l'histoire suivante :
« Trois garçons poursuivent la jeune Sarita sur la plage déserte de El Callao. Au lieu de remonter vers les terres, elle s’engage dans la mer. Les garçons la voient courir sur l’eau, elle s’éloigne très loin sans s’enfoncer, puis subitement elle disparait. Ils rentrent chez eux et le lendemain quand ils se retrouvent, ils découvrent qu’ils ont fait tous les trois le même rêve avec la même recommandation. Sarita leur demande d’aller rendre visite à ses parents et de tout leur avouer. Elle leur promet le pardon de sa famille et de tous ceux à qui ils devront raconter le drame. Toutes ces personnes seront récompensées par des bienfaits et des miracles. Les trois garçons avouent leur crime. Les promesses de Sarita se réalisent. Depuis elle ne cesse de faire des miracles pour ceux qui croient en elle. »
Des années plus tard, un Péruvien me raconte une autre histoire :
« Les trois garçons ont immobilisé Sarita sur la plage, ils s’apprêtent à la violer, mais Dieu dans son infini miséricorde ferme le corps de Sarita, gomme son sexe, et entre ses jambes, les garçons voient un coude. » Est-ce qu'ils ont cru voir le sexe fermé d'une statue grecque ?
Aujourd’hui cette histoire est sur internet racontée par Gustavo Buntinx  :
http://www.fas.harvard.edu/~icop/gustavobuntix.html
Ce coude est une sorte de bras d’honneur de Dieu !
C’est un mythe qui joue certainement le rôle de frein aux pulsions des délinquants violeurs !

Pourquoi Sarita m’intéresse-t-elle autant ?
En 1993 un ami péruvien de Marseille, Juan Carlos Belon me demande si j’ai dans ma collection d’icônes quelque chose qui concerne le blasphème ! Je pense tout de suite à deux sérigraphies du groupe Paréntesis où Sarita est associée au sexe. J’invite Juan Carlos à venir me rendre visite la semaine suivante, mon épouse et ma fille ont voyagé, je décroche les peintures et j’installe mes sérigraphies et diverses images de saints sur les murs comme pour raconter une histoire. J’invite Lionel, un ami cinéaste, à venir filmer notre rencontre.
Juan Carlos arrive avant Lionel, il regarde l’image de Sarita où apparaît sa date de naissance. Il me demande : Quel jour sommes-nous ?
Nous sommes le 1° mars !
Sans nous concerter, nous nous sommes réunis le jour de l’anniversaire de Sarita !?
Lionel filme notre conversation, son bébé sur les genoux de sa maman, les images au mur, le verre de rhum que nous buvons pour Sarita et le disque d’une valse créole qui tourne sur la platine. Pas plus de 20 minutes de rush qui compteront beaucoup pour Lionel, car trois mois plus tard il réalisera avec ce matériel un film de 10 minutes sur Sarita Colonia qu’il présentera à sa licence de cinéma à Aix-en-Provence.
Il me reste à résoudre la numérisation de ce petit film pour vous le montrer sur ce blog.
Je n’en reste pas là avec l’anniversaire de Sarita. Le 1° mars est devenu aussi la date de la fondation de mon association Arcaillou de nains casseurs de cailloux, que j’ai crée en 1995 et qui me tient très à cœur. La Sous-préfecture d’Istres a inscrit Arcaillou au journal officiel le 1° mars 1995. Sarita devient notre sainte patronne. Sarita patronne des pauvres et aussi celle des nains. Nous pourrions nous appeler : Sarita-Arcaillou.
Mais pourquoi une association de nains ?
En 1994 je découvre à Panama Santa Librada et ses huit petites sœurs jumelles qui sont neuf petites muses qui musardent et s’amusent dans un magnifique jardin tropical où le soleil alterne avec la pluie. Pour s'échapper et aller danser avec les diables de la ville voisine, elles se mettent sur la tête des chapeaux pointus de nains de jardin. Ce serait merveilleux pour nos nains de jardins européens de les rencontrer, ils souffrent tant de l’absence d'une présence féminine à leur portée.
En 1995 je convaincs mes amis vitrollais, membres d'Arcaillou, que nous ne sommes en esprit guère plus grands que des nains de mines casseurs de cailloux, car nous sommes incapables de nous sortir de ce monde industriel qui nous entraine vers une catastrophe climatique.
Immigrés à Vitrolles, nous voulons être nains de jardins exotiques et ne plus aller à l'usine. Nos machines partent en Chine, pourquoi ne pas en profiter pour entrer dans le Temps des Jardins avec toute cette belle technologie capable du meilleur.

Visite du cimetière de El Callao
Mardi 22 septembre 2009 Monsieur Johnny, chauffeur de taxi auprès de notre hôtel me propose de m’emmener. Johnny est retraité de la police d’investigation, il est du Callao et il aime énormément son quartier. Sa conversation est très intéressante, il connait vraiment le Pérou et ses histoires. Nous passons toute la matinée ensemble à visiter El Callao que je trouve propre et métamorphosé. Je découvre le quartier des pécheurs italiens aux maisons en bois fraichement repeintes ! Tout le monde connait Johnny. Là où il s’arrête, il donne de l’argent, il a un grand cœur. Nous terminons par le sanctuaire de Sarita dans le cimetière où reposent tant d’autres personnes qui n’ont qu’un petit caisson en ciment de la taille de leur cercueil !
Les deux sœurs de Sarita et sa famille nous attendent, elles vivent de la vente des images et des bougies. Je suis très aimablement reçu, la sœur la moins âgée répond à toutes mes questions, mais je n’apprends rien de particulier. Je demande à Sarita d’exaucer le grand Miracle dont je vous ai parlé dans le chapitre I : voir l’humanité entrer dans le Temps des Jardins, non tant pour tempérer le climat, mais pour nourrir les deux milliard d'êtres humains qui ne mangent pas à leur faim et vivent dans des conditions inadmissibles.

Prochainement je complèterai mon diaporama avec des photos de 1977-79 que je dois numériser.

Chapitre VIII : Retour trente ans en arrière à Barranco où nous avons habité, en face de la maison de l’artiste Victor Delfin.


Barranco a l'art du décor, en 30 ans ils ont enjolivé le quartier, mais peut-être que les choses n'ont pas fondamentalement changé.
Je suis persuadé que l'on vide encore sa poubelle à même le sol en face de chez soi. Qu'ensuite de pauvres gens passent avec des charrettes ramasser ce qu'ils pourront revendre. Les chiens passent aussi par là, et finalement le camion de la municipalité entre à reculons dans la rue Domeyer. Avec pelles et balais les employés municipaux emmènent ce qui reste et nettoient la rue.
Pourquoi pas, cela a toujours été ainsi et c'est l'application d'un tri sélectif.
Notre poubelle n'était pas aussi abondante qu'à Vitrolles.
Nous avons pourtant découvert un grand changement, notre marché couvert si original était devenu un hypermarché appelé : Metro. Alors des emballages il doit y en avoir un peu plus, de la publicité aussi !
Mais nous ne sommes pas revenus pour critiquer. Ici nous fûmes heureux, nous étions de jeunes mariés qui aimaient la vie nocturne et la fête. Jamais personne ne s'est jamais plaint de notre pollution sonore.
Comme dans tout Lima, nos réunions commençaient à minuit et nos amis ne se retiraient pas avant 7 h du matin. Nous avions dansé toute la nuit et mangé à deux heures du matin un "un arroz con seco de cabrito".
Nous sommes aussi fiers d'avoir résidé ici, à côté du célèbre pont des Soupirs et des peñas où Chavuca Granda a chanté ses meilleures valses, ses tonderos, coplas et landos afro-péruviens.
Nous habitions aussi en face de la maison de Victor Delfin. De notre fenêtre nous vîmes naître ses chevaux, ses oiseaux et ses lions d'acier. Comme Picasso, il crée tout le temps, c'est sa vie. Il nous l'a redit, il ne peut pas s'arrêter. Il fut aussi plus prolifique, il a eu neuf enfants.


 
 
Victor Delfin à Quito en 1978

Son projet d'attaquer la falaise et de l'habiter, il en parlait déjà en 1976. Il a tout réalisé. Jamais je n'aurais imaginé possible de faire une piscine à cet endroit là où je ne voyais que le vide.
Il y a la possibilité de faire un séjour chez lui, voici l'un des liens.
http://agence.voyages-sncf.com/pub/agent.dll/qscr=dspv/nojs=1/htid=1291363/crti=4/photo-hotel?TAHotelCode=1291363


vendredi 30 octobre 2009

Chapitre VII : la procession dans l'après-midi du Christ de Sainte Catalina.

Il est 16 h, la procession passe par les hauts quartiers. Ces quartiers ont une mauvaise réputation, mais je me sens en confiance. Hilario est présent, il a la responsabilité de chronométrer le temps de charge. Ils sont 15 groupes et chaque groupe a 38 personnes. Tous portent un costume et une cravate sous leurs habits violets !

Chapitre VI : la procession du Christ du sanctuaire de Sainte Catalina.

Grâce à Hilario je suis présent tôt le dimanche matin pour voir l’intérieur de léglise du sanctuaire et la sortie du Nazaréen en procession. La culture espagnole est traumatisée par la mort et le sang du Christ. Sa dévotion pour son dernier soupir s’exprime en chargeant son brancard, mot qui me paraît contestable ou arche, car il y a aux quatre angles quatre chérubins. Il faut beaucoup de foi pour porter l’arche en argent du Christ des Miracles qui pèserait 2 tonnes. C’est pour réaliser une pénitence, mais aussi pour faire une demande que l’on met ainsi sa santé en péril.
Cette tradition vient d'Espagne. D’où détient-elle cette coutume ?
D’Israël ou d'Egypte ?



Chapitre V : Notre dame de la Solitude.

Le lendemain matin de notre retour à Lima, mercredi 16, nous visitons enfin les catacombes du couvent franciscain en face de notre hôtel. A côté du cloître la chapelle consacrée à Notre Dame de la Solitude est ouverte. Nous découvrons qu’elle a subi un incendie en 2005. L’intérieur est en mauvais état. La vierge de la Solitude m’est inconnue.www.santuariodelasoledad.org/PrincipalFrameset.html
Le soir une musique de marche religieuse éveille notre attention. Je sors en courant avec mon appareil de photo. Notre Dame de la Solitude est au cœur d’une procession, certes bien réduite en comparaison de la procession du Christ des Miracles, mais avec beaucoup de dignité. Je confonds les frères de la confrérie de la vierge avec de vrais religieux et je découvre que Notre dame de la Solitude a le cœur percée par une épée. J’apprends alors qu’elle s’appelle aussi : Maria Dolorosa del Monte Calvario !
La Dolorosa ! Je la connais très bien. C’est la compagne de saint Jacques Le Majeur dans le vaudou haïtien !
Après avoir vu Santiago dans la montagne notre destin était de rencontrer sa compagne péruvienne le jour de sa fête.
Alors Je me souviens que dans l'église de La Merced du Girón de l'Union, j’ai vu il y a deux semaines l'image de la Dolorosa qui circule en Haïti. C’est bien la première fois que je la voie en dehors d’Haïti, et je n’ai jamais su d’où elle venait. Il me faudra chercher. Elle a été sûrement choisie par les Haïtiens pour ses couleurs bleues et rouges qui correspondent à l'idiosyncrasie française d’Haïti. En plus de l'épée on peut voir qu’elle a à côté d’elle deux épaulettes de militaire qui me rappellent une histoire du Nigeria (un pataqui cubain).
" Au court d’une beuverie, le soudard Ogoun ivre d’alcool confond ses amis avec ses ennemis et tuent tout le monde, quand il reprend ses esprits, tout à la fois de désespoir et de colère, il arrache ses épaulettes et il fuit seul dans la montagne avec ses chiens." C’est peut-être pourquoi Santiago est perdu dans la montagne péruvienne du département de la Liberté sans son cheval blanc !
Pour en savoir plus sur Hogou et saint Jacques consulté ma page web de 1999 où je publie mon premier essai écrit en 1987 : Magie Bleue
http://jackdumont.chez.com/bleu/magie.htm
Cette nuit, un jeune homme, Hilario de la Croix, m'offre une icône du Christ du sanctuaire de sainte Catalina en me disant que cette image du Nazaréen est l’une des plus belles de Lima. Il m'invite à me rendre à sa neuvaine dans l'église du couvent et de venir dimanche à sa procession, car il n'est visible qu’une fois par an. Tout le reste de l'année il est reclus dans le couvent avec les religieuses. Hilario a une page web qui mérite d’être visitée. www.procesionesdelperu.com

Chapitre IV : Santiago de Chuco.

Dans la nuit du 31 août avec nos amis d’Aix-en-Provence nous voyageons en bus vers le nord où nous visitons Trujillo et un ami péruvien que nous avons en commun, Coco d’Aix-en-Provence, revenu depuis un an dans sa ville natale de Chiclayo auprès de sa mère. Avec lui nous allons à Piura et à Catacaos réputé pour ses orfèvres de la bijouterie au fil d’or, entre autres, des célèbres boucles d’oreilles appelées : « dormilonas ».
Nos amis s’en retournent à Lima, Coco termine de nous montrer son pays avec l’artisanat de Monsefu et la plage de Pimentel, puis nous le quittons pour voyager à Santiago de Chuco dans la sierra du département de La Libertad bien qu’aucun guide touristique ne mentionne cette ville. Ce détail ne tranquillise guère ma compagne qui devine bien qu’il y a une bonne raison à cela, mais elle ne peut pas me refuser cette visite dont je rêve depuis si longtemps.
Il y a des années en arrière à Aix-en-Provence, Humberto de Piura, 70 ans, nous a raconté une blague sur Santiago de Chuco qui ne manquait ni d’humour, ni de sens : « Tous les enfants santiaguinos nés neuf mois après les festivités du saint, s’appellent Santiago ».
Je souhaite vérifier cela, quand on sait que le nom Santiago était interdit aux indiens par crainte qu'ils héritent de sa bravoure.
Je veux savoir si le tempérament des « Santiaguinos » correspond à leur saint guerrier, comme celui de leur célèbre poète César Vallejo exilé à Paris et comme notre ami Oscar, réfugié politique santiaguino en France, bien connu et aimé à Aix-en-Provence et grand admirateur de Fidel Castro et du Che.
Oscar pour nous parler de sa terre natale est meilleur que le Routard ou Planet’Pass. Avant notre envol de Marseille il est venu à la maison nous encourager très fort en nous récitant les plus beaux vers de César qu’il connaît par cœur.
Quant à « Santiago El Mayor » saint Jacques Le Majeur, le glorieux apôtre et matamores, la première fois que je l’ai rencontré ce fut en Haïti en 1980 où il est « Hogou Ferraille » dans le vaudou, l'Ogoun de la santería cubaine.


De La neuvaine de novembre, des morts et des saints

Qu’est-ce que je ne ferais pas pour le revoir ?
Je suis capable de lui sacrifier mon confort !
Après avoir vaincu pendant 6 heures notre peur des précipices, nous arrivons à 3500 m d’altitude sur la Place d’Armes de la glorieuse et pathétique ville du saint. Sa statue toute dorée nous accueille. Elle est gardée dans un innocent parc pour enfant en face de la mairie. Elle paraît danser devant le portrait de César, l’épée à la main et chaussé de chaussures de trekking.
Dans la rue montante sur notre gauche nous nous rendons sans perdre de temps à l'hôtel Püchipacha de la famille d'Oscar. Après avoir pris possession d’une chambre, nous sortons, deux jeunes gens nous abordent, ils nous invitent à les accompagner au centre culturel. Ce sont deux anthropologues ! Ils nous renseignent sur leurs activités et leurs préoccupations. Apparaît Juan Ulloa Benítez professeur de danse et le professeur flutiste de l'école Santiago Díaz Ruiz. Ils nous font une démonstration de la danse de la statue de la place : « los Pallos ». En Espagne c'est le nom que l'on donne aux étrangers, également les gitans de Marseille nous appellent los Pallos. Le saint danse avec un vêtement rouge, avec le chapeau du département de la Libertad en fine tôle métallique, le bord frontal relevé comme celui de Napoléon, muni de la croix épée de l'ordre de saint Jacques et chaussé de lourdes chaussures de marche très significatives du pèlerin santiaguero qui arrive de France, et du touriste sportif qui attaque la cordelière et le chemin des Incas.
Nous partons ensemble voir dans une école des fresques peintes par un santiaguino qui s’appelle Washington !
Sur les peintures je découvre un troisième grand révolutionnaire santiaguino né en 1926 : Luis Felipe de la Puente Uceda. Il a fondé le parti de l’APRA Rebelle et le MIR (Mouvement de Gauche Révolutionnaire).
Le jour suivant nos nouveaux amis nous présentent le directeur de l'Amélioration de l'Offre Touristique de la Municipalité, Benito Jauregui Rosas.
Tout un programme, mais qui a dit que l'offre était déficiente ?
Les agences étrangères de tourisme ?
Elles n'ont rien compris à la générosité de la gauche péruvienne. Bien accompagné avec de riches commentaires nous visitons la maison où est né César Vallejo. En plus des objets de sa famille et de son enfance nous découvrons des souvenirs de sa vie en France que son épouse Georgette a offerts à la ville.
http://www.los-poetas.com/b/biovalle.htm
Je n’hésite pas à vous donner les noms de tous, sachant que si vous vous rendez à Santiago de Chuco, ils vous recevront à bras ouverts, mieux qu'aucune agence ne peut le faire.
Sur leurs conseils, nous partons en bus dans l'après-midi passer la nuit dans la station thermale de Cachicadán où la municipalité nous attend pour nous conduire au plus bel hôtel, car il n’y a en ce moment aucun touriste.
http://fotos.delalibertad.com/key/cachicadan
Cachicadán mérite d’être découverte, un jour ce sera une station réputée pour les soins de la peau. Je voulais rester un jour de plus. Mais mon épouse, fatiguée de la montagne, me demande de retourner à Lima.
Ce sera une très bonne idée. Je serai récompensé de l'avoir écoutée !



jeudi 29 octobre 2009

Chapitre III : Mamacha Asunta.

Dimanche matin 30, nous découvrons par hasard une procession étonnante. Nous envisagions de visiter les catacombes du couvent quand nous sommes alertés par un important mouvement de gens déguisés. Nous sommes encore en août, les associations cusqueniennes de Lima profitent de ce dernier dimanche pour rendre un hommage à la vierge de l’Assomption, connue dans leur imaginaire populaire andin comme Mamacha Asunta. Nous avons la surprise de voir des danses profanes avec des diables comme à Panama.

Chapitre II : L’hôtel d’Espagne, les œuvres du peintre José Carlos Ramos Gálvez et la créolité.

Samedi 29 août, nous laissons l'hôtel Bolivar pour l'hôtel d’Espagne situé en face du couvent des Franciscains à deux rues de la Place d'Armes. L'hôtel est une ancienne et immense maison coloniale remarquablement bien entretenue, pleine de sculptures grecques, de peintures de Cuzco et de parquets odorants la cire d'abeille. Le personnel est très gentil, c’est une grande et belle famille. Les prix sont très variés et accessibles à la jeunesse.
Dans l'après-midi par paresse nous n'allons pas à la procession de sainte Rose et nous passons le début de notre journée dans la maison de notre ami peintre José Carlos à Miraflores. Depuis 1976 José Carlos peint les rêves du Libérateur Simon Bolivar et l'âme de ses chevaux. En juin de cette année il a fait une apparition à Panama avec 4 œuvres où j'ai découvert l'humanité de ses quadrupèdes, qui sont sans doute les centaures des rêves bolivariens du Libérateur protégeant les symboles républicains.
A 16 h José Carlos nous emmène à un anniversaire créole à Barranco où il retrouve son frère. La maison n’a pas de toit ! Elle est bien à l'image de notre génération de noctambules en voie de disparition, décapitée par la perte des utopies qui nous enchantaient tant.
La chanteuse Rosa Guzmán se rappelle de nos noms !
Un Monsieur, Beto Loayza, qui ne m'avait jamais vu, sait qui je suis : « L’homme à la récolteuse de pommes de terre ». Nous avons un ami en commun : Juan Foronda. Avec son portable j’entre en communication avec Juan qui habite à Nasca. Je vous laisse apprécier avec le diaporama la convivialité de cette réunion de vieux bohémiens. Autrefois il n’y avait qu’un seul verre qui circulait entre nous dans une grande fraternité et communion alcoolique. Il semble que cette habitude s’est perdue.
Le jour suivant, le 30 dans l'après-midi, apparaissent les parents de Roxana à notre hôtel. Ils nous accompagnent saluer d’autres anciens amis : Zoila et Fernando. Ci joint des photos d'eux dans notre appartement en 1977, pendant le couvre feu décrété sous la présidence de Général Francisco des Morales Bermúdez.

Chapitre I : Sainte Liberata du Rimac, un miracle et une muse souveraine.

Je vais bientôt avoir 64 ans et l’on peut se demander pourquoi je fais tous ces voyages dans les quartiers populaires d’Amérique latine à la recherche des fêtes votives, des églises et des musées. Je ne suis pas un anthropologue.
Je néglige les lieux touristiques, les stations balnéaires, les villages des indiens de la forêt pour un tourisme soutenable et je ne m’intéresse qu’aux croyances du 17° siècle et aux superstitions des gens.
J'aime pourtant le luxe, le confort et les loisirs.
Alors, qu’est-ce que je cherche ?
Je traque le Miracle avec un M majuscule et il est temps, car je me fais vieux !
Pourtant je fais des détours et je perds du temps.
Je poursuis les petits miracles des petites gens qui concourent à mon avis au grand Miracle.
Le grand Miracle, c’est :
« Notre entrée dans le Temps des Jardins ».
La décision sera prise au siège des Nations Unies.
On a besoin d'un miracle parce que une telle décision est évidement impossible.
Nous sommes captifs du système économique des Temps actuels dédiés à la consommation d'objets inutiles, aux pouvoir des Temples de pierres, des banques, des centres d’affaires et des lieux de culte de toutes sortes qui ont une lourde responsabilité de l'état d'esprit des gens.
Il n’y a aucune possibilité d'abandonner les lois financières de la croissance de nos activités urbaines si nuisibles au climat, pour nous consacrer pleinement à la croissance de la végétation dans les déserts.
Hors pour sauver l'humanité de la fin des Temps nous devons reconquérir les déserts avec beaucoup de végétation qui seule peut transformer le gaz carbonique en oxygène pour tempérer le climat.
Faire la guerre au désert est non seulement sauver l'espèce humaine de disparition, mais c’est aussi la meilleure réponse à la quadrature du cercle de nos problèmes actuels qui sont la malnutrition, la famine, l’immigration, les épidémies, le chômage, les guerres, le terrorisme, l’énergie et le climat.
Cette guerre n’a de militaire que le secret de son coût, mais nous sommes assurés que cela coûtera aussi cher que nos deux grandes guerres réunies du 20° siècle !
Pourquoi passer par la foi ?
Je crois que la religion a envahi notre subconscient. Jusqu'aux athées, ils sont hantés et dominés par l'héritage monothéiste, bien qu’ils s’en défendent à grands cris !
Les Temps actuels sont juifs, chrétiens et musulmans, seuls leurs calendriers sont en vigueur dans le monde.
Les petits miracles que j'attends sont pour révolutionner ces grandes religions monothéistes dont la métaphysique domine le méta politique des nations et l'esprit du monde.
Si demain le saint Pontife voit un signe miraculeux qui lui permet de changer son sempiternel discours, le peuple agnositique français sera si étonné qu’il l’écoutera.
Le Miracle que j'attends pour changer la marche du monde est un concours d’événements naturels, climatiques, politiques, pluralistes, contradictoires, d’origines différentes mais de points de vue vrais. Si vrai qu’ils cristalliseront une orientation nouvelle et inexorable.
Mon premier petit miracle est une surprise. C'est Santa Librada d’Espagne, usurpatrice de la place du Christ sur la sainte Croix ! Peu de gens la connaissent, mais elle est un vrai problème pour le Vatican qui la cache. Le saint Siège l’a dé canonisé en 1961 parce qu'il s’est convaincu qu'elle n'a jamais été crucifiée et que ses huit sœurs jumelles vierges et martyrs viennent d'une légende païenne.
Quand j’ai découvert l’existence et la symbolique grecque de la loge française des « Neuf Sœurs » du 18° siècle, il m’est venu à l’esprit que les saintes nonuplées d’Espagne provenaient d’un merveilleux syncrétisme avec les neuf muses du Mont Parnasse grecque également toutes jumelles et inspiratrices des beaux arts et des sciences.
Le peuple panaméen, non seulement sauve miraculeusement Santa Librada de l’oubli, mais confirme sa personnalité de muse des arts en faisant durant ses quatre jours de fête un festival national dédié à la « pollera » le luxueux vêtement national, au chapeau, à la chemise et à la musique. Un ami panaméen m’a  résumé en un mot la personnalité de la sainte : « Santa Librada es lujo » : Sainte Librada c’est le luxe !
De nouveau, comme en 1813, la Colombie la redécouvre le jour de son indépendance. Les Colombiens l’appellent maintenant sainte Liberté.
Le Pérou l’appelle sainte Liberata comme l’Espagne et Panama à une certaine époque. Elle est abandonnée et méconnue mais toujours présente dans son église de l'Allée des Déchaussés du quartier du Rímac à Lima.
Elle est d'un modernisme phénoménal, elle rompt avec le sexisme et elle est la sainte de la beauté et de la richesse tempérée par l'intimité qu'elle dégage et sa tendresse envers tous.
Je réalise ce blog pour que son image « La Peregrina » arrive à Rome avec ses musiciens, avec ses mille sœurs et amies vêtues de la « pollera » de Panama.
De toute petite taille selon la légende, elle et ses sœurs jumelles "empolleradas" sont les gracieuses naines du verger de saint Pierre pour le bonheur des nains de jardin, qui, de leur côté, souffrent tant de la misogynie des createurs de nains de porcelaine !
Pourquoi n'y a-t-il pas de naines de jardin.
Il y en a neuf à Panama, prochainement je justifierai cette dernière affirmation dans le chapitre « Santa Librada ».

Dans ce premier chapitre il est question du Pérou, du trésor culturel des racines grecques, romaines, égyptiennes de l'Église espagnole du XVII° siècle conservées dans les couvents péruviens, dans le centre historique de la ville des Rois du Pérou, dans le folklore, dans les superstitions, dans les festivités et les processions.
Avec mon épouse, j’ai vécu dans ce pays de 1975 à 1979. Je travaillais alors dans la formation professionnelle (SENATI).
Trente ans plus tard, nous revenons à Lima où tout nous paraît beaucoup plus facile à visiter et pas cher du tout en ce mois de septembre 2009. Dans les années soixante-dix, quand nous vivions dans le quartier sud de Barranco, la grande Lima était encore le cœur économique du pays. Mais aujourd’hui les activités financières du Pérou se sont développées dans les quartiers modernes de San Isidro et Miraflores et le centre de la capitale a gagné en tranquillité.
Dans la grande avenue de la Colmena, le palace « le Grillon » a disparu et le mythique grand hôtel Bolivar de la place San Martin renaît à peine de ses difficultés grâce à ses employés qui le gèrent eux-mêmes.
La raison ou le prétexte de notre voyage à la fin de ce mois d'août est le mariage de notre chère et jeune Roxana d'Aix-en-Provence avec le charmant jeune liménien Omar. Par hasard ils ont choisi de faire la fête dans le grand hôtel Bolivar. Avant de voyager je me suis informé par internet du prix des chambres et j’ai découvert des tarifs trois fois en dessous des prix pratiqués pour un cinq étoiles.
Du 26 au 29 août nous passons nos trois premières nuits dans une chambre magnifiquement meublée de cet ancien palace. De là, nous visitons le couvent de Notre Dame de la Merci (La Merced) sur le Girón de l'Union, puis en continuant nous arrivons à la Place d’Armes. En allant sur notre gauche, nous visitons l'église saint Dominique où se trouve les ossuaires de saint Martin de Porres et de sainte Rose « Santa Rosa ».
En marchant un peu plus loin, nous arrivons sur l'avenue Tacna pour découvrir le sanctuaire de sainte Rose en pleine ébullition, car dans deux jours c’est sa fête. Nous voyons des quantités d'enfants venus jeter leur lettre de désirs dans le puits de la sainte.
Sur la même avenue Tacna nous arrivons à l'église et au monastère des Nazaréennes où l’on trouve l'image du Christ des Miracles, le Christ de Pachacamilla, le Christ brun.
http://anneclaireauperou.uniterre.com/5705/Procession+du+seigneur+des+miracles....html
http://unanauperou.blogspot.com/2008/10/le-seigneur-des-miracles-paris.html
http://www.boletindenewyork.com/SdelosMilagrosGLavarello.htm
On lit : « Tous les mois d’octobre de nos vies, le ciel de Lima redevient violet, entre le carmin du sang du Christ et le bleu du ciel. »
Ce parcours nous ne l'avions jamais fait pendant nos 4 années de présence au Pérou. Ma curiosité n'arrivait pas jusque là. Nous ne connaissions pas « los doctorcitos » des églises, les petits docteurs du Pérou auxquels les gens donnent des jouets miniatures d’enfants.
Je vous invite à découvrir dans le diaporama qui suit l'expression extérieure de la foi péruvienne. Elle est pleine de petits miracles, de rires et de larmes.