vendredi 30 octobre 2009

Chapitre IV : Santiago de Chuco.

Dans la nuit du 31 août avec nos amis d’Aix-en-Provence nous voyageons en bus vers le nord où nous visitons Trujillo et un ami péruvien que nous avons en commun, Coco d’Aix-en-Provence, revenu depuis un an dans sa ville natale de Chiclayo auprès de sa mère. Avec lui nous allons à Piura et à Catacaos réputé pour ses orfèvres de la bijouterie au fil d’or, entre autres, des célèbres boucles d’oreilles appelées : « dormilonas ».
Nos amis s’en retournent à Lima, Coco termine de nous montrer son pays avec l’artisanat de Monsefu et la plage de Pimentel, puis nous le quittons pour voyager à Santiago de Chuco dans la sierra du département de La Libertad bien qu’aucun guide touristique ne mentionne cette ville. Ce détail ne tranquillise guère ma compagne qui devine bien qu’il y a une bonne raison à cela, mais elle ne peut pas me refuser cette visite dont je rêve depuis si longtemps.
Il y a des années en arrière à Aix-en-Provence, Humberto de Piura, 70 ans, nous a raconté une blague sur Santiago de Chuco qui ne manquait ni d’humour, ni de sens : « Tous les enfants santiaguinos nés neuf mois après les festivités du saint, s’appellent Santiago ».
Je souhaite vérifier cela, quand on sait que le nom Santiago était interdit aux indiens par crainte qu'ils héritent de sa bravoure.
Je veux savoir si le tempérament des « Santiaguinos » correspond à leur saint guerrier, comme celui de leur célèbre poète César Vallejo exilé à Paris et comme notre ami Oscar, réfugié politique santiaguino en France, bien connu et aimé à Aix-en-Provence et grand admirateur de Fidel Castro et du Che.
Oscar pour nous parler de sa terre natale est meilleur que le Routard ou Planet’Pass. Avant notre envol de Marseille il est venu à la maison nous encourager très fort en nous récitant les plus beaux vers de César qu’il connaît par cœur.
Quant à « Santiago El Mayor » saint Jacques Le Majeur, le glorieux apôtre et matamores, la première fois que je l’ai rencontré ce fut en Haïti en 1980 où il est « Hogou Ferraille » dans le vaudou, l'Ogoun de la santería cubaine.


De La neuvaine de novembre, des morts et des saints

Qu’est-ce que je ne ferais pas pour le revoir ?
Je suis capable de lui sacrifier mon confort !
Après avoir vaincu pendant 6 heures notre peur des précipices, nous arrivons à 3500 m d’altitude sur la Place d’Armes de la glorieuse et pathétique ville du saint. Sa statue toute dorée nous accueille. Elle est gardée dans un innocent parc pour enfant en face de la mairie. Elle paraît danser devant le portrait de César, l’épée à la main et chaussé de chaussures de trekking.
Dans la rue montante sur notre gauche nous nous rendons sans perdre de temps à l'hôtel Püchipacha de la famille d'Oscar. Après avoir pris possession d’une chambre, nous sortons, deux jeunes gens nous abordent, ils nous invitent à les accompagner au centre culturel. Ce sont deux anthropologues ! Ils nous renseignent sur leurs activités et leurs préoccupations. Apparaît Juan Ulloa Benítez professeur de danse et le professeur flutiste de l'école Santiago Díaz Ruiz. Ils nous font une démonstration de la danse de la statue de la place : « los Pallos ». En Espagne c'est le nom que l'on donne aux étrangers, également les gitans de Marseille nous appellent los Pallos. Le saint danse avec un vêtement rouge, avec le chapeau du département de la Libertad en fine tôle métallique, le bord frontal relevé comme celui de Napoléon, muni de la croix épée de l'ordre de saint Jacques et chaussé de lourdes chaussures de marche très significatives du pèlerin santiaguero qui arrive de France, et du touriste sportif qui attaque la cordelière et le chemin des Incas.
Nous partons ensemble voir dans une école des fresques peintes par un santiaguino qui s’appelle Washington !
Sur les peintures je découvre un troisième grand révolutionnaire santiaguino né en 1926 : Luis Felipe de la Puente Uceda. Il a fondé le parti de l’APRA Rebelle et le MIR (Mouvement de Gauche Révolutionnaire).
Le jour suivant nos nouveaux amis nous présentent le directeur de l'Amélioration de l'Offre Touristique de la Municipalité, Benito Jauregui Rosas.
Tout un programme, mais qui a dit que l'offre était déficiente ?
Les agences étrangères de tourisme ?
Elles n'ont rien compris à la générosité de la gauche péruvienne. Bien accompagné avec de riches commentaires nous visitons la maison où est né César Vallejo. En plus des objets de sa famille et de son enfance nous découvrons des souvenirs de sa vie en France que son épouse Georgette a offerts à la ville.
http://www.los-poetas.com/b/biovalle.htm
Je n’hésite pas à vous donner les noms de tous, sachant que si vous vous rendez à Santiago de Chuco, ils vous recevront à bras ouverts, mieux qu'aucune agence ne peut le faire.
Sur leurs conseils, nous partons en bus dans l'après-midi passer la nuit dans la station thermale de Cachicadán où la municipalité nous attend pour nous conduire au plus bel hôtel, car il n’y a en ce moment aucun touriste.
http://fotos.delalibertad.com/key/cachicadan
Cachicadán mérite d’être découverte, un jour ce sera une station réputée pour les soins de la peau. Je voulais rester un jour de plus. Mais mon épouse, fatiguée de la montagne, me demande de retourner à Lima.
Ce sera une très bonne idée. Je serai récompensé de l'avoir écoutée !



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